Qu’est-ce que la vérité ?
La question n’est pas nouvelle. Les philosophes ont, chacun, apporté leur réponse. Descartes, dans le « Discours de la méthode », a voulu énoncer des règles pour y parvenir, mais dans le monde de confusion dans lequel nous vivons, la vérité nous apparait, sur bien des sujets, difficilement discernable. Faut-il pour autant y renoncer ?
Cette question : « Qu’est-ce que la vérité ? » est l’une des interrogations de Pilate,[1] célèbre pour le rôle qu’il exercera dans le procès et la condamnation de Jésus et pour son geste public et symbolique : « …il prit de l’eau, se lava les mains…et dit : je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde… et après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.[2] » S’en laver les mains, expression qui signifie désormais : se dégager de ses responsabilités.
La vérité, Pilate la connait : « …je ne trouve en lui aucun crime. Mais, comme c’est parmi vous une coutume que je vous relâche quelqu’un à la fête de Pâque, voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? Alors de nouveau tous s’écrièrent : Non pas lui…[3] ». Mais il capitule face aux agitateurs, cède à la pression du peuple, se dérobe devant son devoir, utilise son pouvoir à mauvais escient : « Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier et que j’ai le pouvoir de te relâcher ?[4] » La raison s’est éclipsée, l’irrationnel a triomphé.
Dans ces temps si troublés, le récit de Pâque ne viendrait-il pas nous rappeler qu’il ne suffit pas de connaître la vérité si nos comportements ne correspondent pas à ce que nous disons. On peut certes rester sur l’interrogation « qu’est-ce que la vérité » , demeurer sceptique et se dire que : « Il y a la tienne, il y a la mienne et celle des autres… toute vérité n’est que la vérité de celui qui la dit. Il y autant de vérités que d’individus.[5] ». Elle préservera peut-être notre confort mais laissera-t-elle en paix notre conscience ?
Jésus a été crucifié parce qu’il est la Vérité et l’a dit ! Les chrétiens, disciples du Christ, sont-ils à l’image du Maître ? On aimerait le croire et beaucoup de nos contemporains aimeraient l’entendre et le voir. Ne nous laissons pas asservir par les coutumes, ne devenons pas esclaves des traditions, refusons les discours qu’on nous propose qui ne servent qu’à maintenir des hommes et des femmes dans le mensonge.
L’homme recherche l’immortalité, Jésus nous propose l’Eternité. Que souhaitons-nous ? Notre monde terrestre n’ira pas mieux et la science ne nous sera d’aucun secours. Elle prolongera le supplice, mais ne l’éradiquera pas. Pâques, c’est considérer la réalité en face : la Croix peut nous désespérer, le tombeau vide nous interroger. Mais Jésus est ressuscité parce qu’il est Dieu ! La Vérité est une personne vivante en laquelle nous pouvons croire, à laquelle nous pouvons confier notre vie.
Joyeuses Pâques ! C.G
[1] Gouverneur de Judée de 26 à 36 après JC
[2] Matt.27.24-25
[3] Jn.18.39 ; 19.4
[4] Jn.19.10
[5] L’Evangile selon Pilate – Eric-Emmanuel Schmitt