Pauvreté : de quoi parle-t-on ?

Tout le monde s’accorde, à quelques exceptions près, à dénoncer un coût de la vie devenu préoccupant. La fin du mois prime sur la fin du monde. Le thermomètre et les prix grimpent . Les Restos du cœur manquent de finances et dans le Nord de la France, le Secours populaire réduit la taille de ses colis alimentaires face à l’afflux de bénéficiaires. La pauvreté monétaire[1] facilement identifiable[2]  fait l’objet d’un examen permanent de la part des différents acteurs concernés. Mais réduire la pauvreté à une question comptable est, à mon avis, passer à côté des vrais problèmes.

En effet, ne peut-on pas considérer que l’insécurité, la solitude, les problèmes d’identité, l’illettrisme, les addictions, le déracinement de sa terre natale, la perte de sens ou le dénuement spirituel sont aussi des univers de pauvreté ? Le contraste est fort entre notre  puissance économique et la richesse culturelle mises à notre disposition, et la misère spirituelle et la pauvreté matérielle dans lesquelles vit une partie de nos contemporains.

Il est plus facile d’ouvrir son porte-monnaie que d’ouvrir son cœur. C’est faire preuve de générosité, et parfois de véritable compassion, mais cela n’a rien de contraignant pour la plupart.

Jésus n’a jamais été indifférent aux personnes qu’il rencontrait. Le Sermon sur la montagne mérite d’être relu, médité et suivi d’effets, et ça, c’est la responsabilité de l’Eglise ! Les activités ont repris et les bienfaits des congés appartiennent au passé. L’écrivain espagnol Fransisco de Quevedo [3]écrivait :  « Qui s’embarrasse à regretter le passé, perd le présent et risque l’avenir. » Il y a sans doute des abandons à faire, des renoncements à accepter. Et si nous envisagions l’avenir en méditant 3 paroles de Jésus dans le Sermon sur la montagne ?

• «  Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien … [4]» – une prière pour le nécessaire
• «  Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. [5] » – un examen de nos préoccupations et de nos priorités
• «  Ne vous inquiétez pas …. [6]» – une espérance confiante pour le futur

En les accompagnant de cette recommandation :

• « Faites pour les autres tout ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous… [7]»

De l’intention à l’action, il y a plus qu’un pas à faire, notre volonté sous-tendue par la grâce de Dieu nous permettra de nous oublier au bénéfice de l’autre, frère et sœur mais aussi notre prochain en humanité.

                                                                                                                                  C.G

[1] Revenus inférieurs à 1102 € /personne/mois

[2] En France : environ 14,6% de la population après prestations monétaires et impôts directs : soit env. 9,2 millions de personnes vivant dans des logements ordinaires en Métropole

[3] 17^ème s. (1580 -1645 )

[4] Matthieu 6.11

[5] Matthieu 6.21

[6] Matthieu 6.25 ; 28 ;31 ;33

[7] Matthieu 7.12 – version Semeur 2015