La fin de l’abondance ?
En annonçant la fin de l’abondance, notre Président s’est ramassé une volée de bois vert venant de tous bords, comme si ses propos étaient totalement indécents. Il est vrai que nous aurions préféré qu’il nous rassure, qu’il prolonge le « quoi qu’il en coûte » et qu’il nous permette de continuer à vivre avec nos illusions. N’avons-nous pas assez de problèmes personnels, pourquoi en rajouter ? Est-ce utile de nous agresser et pour peu qu’il insiste de nous harceler ? Et si cet avertissement était une bonne nouvelle ! Les habitants de Sodome, pour peu qu’ils aient encore eu la capacité de réagir, auraient peut-être aimé recevoir une telle mise en garde : « Voici quel a été le crime de Sodome. Elle avait de l’orgueil, elle vivait dans l’abondance et dans une insouciante sécurité, elle et ses filles, elle ne soutenait pas la main du malheureux et de l’indigent. Elles sont devenues hautaines et elles ont commis des abominations devant moi. Je les ai fait disparaître, quand j’ai vu cela.[1] »
En économie, une société d’abondance se caractérise par la multiplication à l’extrême des biens et des services mis à disposition du public entrainant une consommation exagérée voire inutile. Cet aspect matériel n’est toutefois pas accessible à une partie de la population et engendre, chez certains, des frustrations et de la colère parmi ceux qui sont à la marge, qui convoitent, qui jalousent. Les pauvres et les exclus, de par leur statut, n’imaginent même pas ce qu’est l’abondance, le nécessaire serait déjà un privilège.
Pour le croyant le témoignage de l’apôtre Paul devrait lui servir de guide et de boussole. Il se résume en un seul mot : contentement ! N’est-ce pas ce qu’il écrit : « J’ai appris à être content dans l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et dans la disette. », sa logique : « Je puis tout par celui qui me fortifie. [2]». A l’un de ses contemporains qui l’interrogeait au sujet du partage d’un héritage dont il se sentait écarté, Jésus répond : « Gardez-vous avec soin de toute avarice ; car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, serait-il dans l’abondance. [3]» Faire confiance à Dieu en sachant qu’il peut : «…nous combler de toutes ses grâces, afin que possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre…[4] ». La mission de l’Eglise nous invite à joindre le geste à la parole. Notre espérance doit inspirer notre quotidien, encourager notre générosité, éclairer nos décisions. Notre église a, face à elle, de nombreux défis à relever, ils n’ont rien d’insurmontable, ils sont à la hauteur de notre foi.
C’est pourquoi,
En matière spirituelle l’apôtre Pierre, gardant sans doute le souvenir des paroles de Jésus « … je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance.[5] », et considérant tout ce que Dieu nous a donné, nous exhorte : « A cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la patience, à la patience la piété, à la piété l’amitié fraternelle, à l’amitié fraternelle, l’amour. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. [6]»
Ainsi,
Si, pour la majorité d’entre-nous, nous avons matériellement la perspective de devoir reconsidérer nos « options », spirituellement nous pouvons nous « lâcher », ne pas hésiter à nous y investir, d’autant qu’aucun pouvoir humain, qu’aucune politique publique ne peut nous empêcher d’en jouir, avec en prime, une bonne conscience !
Bonne reprise. C.G
[1] Ezé.16.49-50
[2] Phil.4.11-13
[3] Luc 12 .13-15
[4] 2.Cor.9.8
[5] Jn.10.10
[6] 2 Pi.1.3-9